18.11.2024Camille Bonvin, première influenceuse professionnelle de Crans-Montana
À 26 ans, la jeune femme – qui rêverait de vivre dans une ferme sur le territoire communal – nous entraîne dans le milieu du marketing, de la publicité, des marques et des produits de rêve. Et elle adore Crans-Montana: «Ici, on peut tantôt jouer les Heidi solitaires, tantôt les urbains friands de sensations.» (Et pour la suivre sur Instagram, c'est par ici).
Côté carte de visite, Camille Bonvin est originaire de Montana-Village, a grandi à Corin et réside désormais à Randogne. Son cursus, des plus variés, la voit passer par l’École de Commerce de Sierre, avant de travailler en fiduciaire tout en suivant la HES de la Cité du soleil où elle passe un bachelor. Et de compléter sa formation, toujours en entreprise, par un master en marketing et en communication digitale. Un profil taillé sur mesure pour les grosses boîtes cotées en bourse, mais la dame est fière d’annoncer un tout autre développement personnel: «Depuis une année, je suis influenceuse à mon compte, professionnelle des réseaux sociaux à 100%.»
Comment devient-on influenceuse à Crans-Montana? «J’ai commencé à partager mes looks sur Instragram pour contrebalancer les aspects hypercarrés du travail en comptabilité et en fiduciaire. Au début, je faisais des posts une fois par semaine et par pur plaisir. J’ignorais même qu’il existait chez nous des influenceuses qui pouvaient vivre de leur passion. C’était encore le temps des blogueurs; eux, ils focalisaient toute l’attention des gens du marketing et des médias.»
Vision stratégique et... personnelle
Et puis, c’est le tournant, lié aux cours du master. «Cet enseignement m’a donné une vraie vision stratégique. Je me disais pourtant que ça me servirait surtout pour notre entreprise familiale de construction. Mais à ma grande surprise, plus le temps passait plus, j'augmentais la cadence et plus, je recevais de propositions de marques qui m’envoyaient leurs produits pour que je les teste et que j’en parle. On m’invitait à toutes sortes d’événements. C’était cool!»
N'imaginez pas Camille comme un perroquet qui rabâche les arguments des publicitaires! «Je me suis très vite fixé une ligne rouge. Je choisissais les produits dont je parlais sans regarder les aspects financiers en jeu et seulement ceux qui me faisaient plaisir.»
20'000, puis des… 100'000 !
Début 2023, Camille Bonvin franchit la barre significative des 20'000 abonnés. «Les propositions affluaient et les montants devenaient importants. J’ai alors compris que je pouvais presque en vivre et que mon emploi à 50% devenait vraiment trop lourd. J’ai patienté quelques mois, jusqu’à ce que mes revenus d’influenceuses atteignent l’équivalent de mon salaire, et j’ai franchi le pas.»
Jamais eu de regrets? «Au grand jamais! Il s’agit de la meilleure décision de ma vie.» En atteste une progression rapide. «En une année, j’ai dépassé les 100'000 suiveurs. Mais plus important que le nombre, c’est la qualité de mon audience qui m’a surprise! Cela faisait de mes petites vidéos des liens solides avec les internautes.»
La force est avec elle
La botte secrète de Camille, c’est l’authenticité des gens qui la suivent. «Ma force, je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite, c’est que l’essentiel de mon audience est suisse. Les marques ont eu tôt fait de le remarquer: d’autres influenceuses avaient des centaines de milliers, voire des millions de followers, mais moi, je propose un panel très majoritairement made in Switzerland. À l’heure d’investir dans une campagne, c’est le genre de chose qui fait toute la différence pour une agence en charge de budgets beaucoup plus contrôlés que par le passé.»
Qui sont les femmes et les hommes qui sont fans de Camille Bonvin? «Mon fan N.1, c’est mon conjoint, rigole-t-elle. Disons que les autres sont en règle générale un peu plus âgés que moi, qu’ils sont fidèles à mes publications, bienveillants et engagés puisqu’ils adoptent volontiers mes choix. Bref, une communauté idéale à laquelle je tiens comme à la prunelle de mes yeux.» Et d’enfoncer le clou: «Vivre de sa passion est un rêve éveillé, même ça demande beaucoup de sacrifices et qu’il ne faut pas compter ses heures de travail.»
Le succès du life style et des activités suisses
La spécialité de Camille est double: le life style (style de vie), et les activités qu’on peut faire en Suisse. «Je fais un peu dans la déco, les bricos sympas, le nettoyage aussi (elle rit). Mais je marque beaucoup de points lorsque j’évoque les nouvelles activités branchées, comme les promenades avec des alpagas ou la peinture dans des colors rooms, des pièces dans lesquelles on peut s’éclater en lançant de la peinture sur les murs: ça fait un tabac!»
Dans la tourmente numérique, pas question d’oublier Crans-Montana. «Pendant quinze ans, je le dis tout de go, je n’ai pas été capable de découvrir vraiment la commune. Maintenant, je rattrape le temps perdu avec un réel plaisir. C’est génial ce côté ville à la montagne avec des activités à l’infini, le ski, la nature omniprésente. Le soleil, évidemment. Parfois des trucs tout simples, comme les balades sur le golf, le Chemin des lanternes l’hiver, le bisse du Tsittoret où trop de marcheurs oublient, hélas, d’aller jusqu’à la formidable cascade de la Tièche. Ou alors les chiens de traîneau, la folie des karts conçus pour dévaler les pentes de ski en été. Pur bonheur! Ici, on peut tantôt jouer les Heidi solitaires, tantôt les urbains friands de sensations. Mon idéal à présent, ce serait de vivre dans une ferme, d’avoir des chèvres, un âne.» Première récompense pour la jeune femme si déterminée : une nouvelle collaboration avec Crans-Montana Tourisme qui s’annonce prometteuse.
Les classiques du tourisme
«On commence aussi à me solliciter pour des destinations touristiques à l’étranger, explique Camille. Je viens de faire la Grèce, Stockholm à la demande de notre compagnie aérienne nationale. La Suisse alémanique me contacte, elle, pour de nouvelles destinations hôtelières. C’est très agréable quand on est curieuse et qu’on ne fait rien par obligation.»
La région n’est pas en reste. «On a tout ce qu’il faut ici en matière de beaux hôtels et de bons restaurants, de randonnées incroyables. Et, l’hiver, on peut choisir selon son humeur, virée apéro où ski au soleil. Je me réjouis déjà des prochains championnats du monde, soit dit en passant.»
Seul petit bémol, l’enthousiasme de sa communauté qui change un peu son quotidien. «À force de vidéos, je ne peux pas sortir sans qu’on me reconnaisse, et même mon homme se fait arrêter par des followers quand il fait les magasins. Mais il y a pire dans la vie, non, que de se faire reconnaître pour une activité qui nous procure autant de plaisir?»
Par Jean-François Fournier