26.08.2024Kristof van Dommelen: «À 13 ans, j’ai eu le coup de foudre pour ces montagnes !»
Anversois d’origine et désormais Valaisan pur sucre, le neurochirurgien Kristof van Dommelen a posé ses valises du côté de Mollens. «Le plus beau spot du monde», dit-il. Rencontre avec un amoureux fou du Valais.
Tout est parti d’Anvers, la commune la plus peuplée de Belgique. Anvers, son port (le 2e en Europe après le voisin Rotterdam), sa bourse aux diamants, ses cabinets financiers. Kristof van Dommelen aurait sans aucun doute pu y faire carrière, mais voilà, à 13 ans, ses parents l’emmènent en vacances à Vercorin, et l’histoire va prendre une tournure des plus inattendues. «Je vous jure que c’est vrai, rigole Kristof. Au moment exact où je suis sorti de notre voiture et où j’ai regardé les paysages environnants, j’ai dit à mon père: "Un jour, je vivrai et je travaillerai ici!" À dater de cet instant, j’ai tout fait pour que cette prédiction se réalise. On peut dire que j’ai eu le coup de foudre pour ces montagnes à 13 ans »
Inutile de préciser que les van Dommelen n’ont plus jamais passé leurs vacances ailleurs qu’en Valais…
Recherche de pointe et médecine
Le jeune Kristof entreprend bientôt des études en chimie - «avec l’idée bien entendu de travailler dans l’industrie pharmaceutique à Bâle et donc de me rapprocher du Valais.» On le retrouve alors en chercheur spécialisé dans l’étude des tumeurs cérébrales. «En face du laboratoire se trouvaient les neurochirurgiens avec qui j’avais des contacts fréquents. J’ai décidé presque naturellement de commencer des études en neurochirurgie au terme desquelles j’ai tout de suite testé le marché des hôpitaux suisses romands.»
Après quatre mois «fantastiques» de stage de fin d’études au CHUV à Lausanne, on conseille à Kristof de faire encore un postgrade en neurochirurgie (il en avait déjà un en chimie) pour pouvoir postuler en tant que chef de clinique. Sitôt dit, sitôt fait. La suite, il la raconte au bord du fou rire.
Le coup de chance
«Pendant ma troisième année de formation en neurochirurgie à Anvers, j'ai postulé aux HUG et au CHUV. Le professeur m'a répondu qu'il ne restait malheureusement plus de postes comme chef de clinique, et de rajouter: "Il y aurait bien quelque chose là-bas, en Valais, mais bon, enfin, c’est le Valais, vous voyez…" On aurait dit qu’ils pensaient tous à une lointaine province où il est impossible de vivre correctement…» À leur plus grande stupéfaction, Kristof van Dommelen répond tout de suite: «J'ai dit oui, avec un immense enthousiasme. J’ignorais même jusque-là qu’il y avait un hôpital important à Sion avec un service en neurochirurgie. Tout près des coins de pays où je rêvais de m’établir depuis si longtemps…» Kristof van Dommelen sera d'abord chef de clinique, puis médecin adjoint dans la capitale onze ans durant.
Après avoir habité Bramois et rencontré sa femme (qu’il épousera à Saas Almagell où le couple faisait régulièrement du ski avec des amis), notre neurochirurgien s’installe à Sierre et se met à chercher un terrain pour construire sur les hauteurs.
Le plus beau spot du monde
«Lors d’une sortie de repérage, on a vu un panneau en dessus de Mollens. On s’est arrêté, estomaqués. Aucune hésitation: notre vie, ce serait là et nulle part ailleurs. C’était tout simplement le plus beau spot du monde avec une vue incroyable sur les montagnes.» Montagne, le mot est lâché. Il s’agit d’une vraie passion pour le neurochirurgien qui pratique les sorties en cabane et le ski en famille. «J’ai déjà passé le stade de la frustration où l’on se rend compte que nos enfants sont bien meilleurs que nous.» Entre-temps, la famille s’est en effet agrandie de deux garçons de 11 et 9 ans, et d’une fille de 5 ans.
Aujourd’hui, Monsieur et Madame exercent tous deux à la clinique de Saxon et se sont organisés pour passer un maximum de temps dans leur petit paradis. «Outre les week-ends, je prends congé le mercredi et mon épouse le vendredi, ce qui nous permet de consacrer davantage de temps aux enfants, à leurs passions, le sport et la musique.»
Famille musicienne
Car chez les van Dommelen, on est obligatoirement musicien. «Mes parents sont venus de Belgique pour la Fête cantonale de musique à Crans-Montana pour voir défiler la jeune génération. D’ailleurs, ils préfèrent venir ici que nous faire le voyage dans l’autre sens.»
Et Kristof de poursuivre: «Je me suis remis plus sérieusement au piano et à la flûte traversière. Mon aîné, lui, fait de la clarinette, son frère du hautbois et la cadette du violon. Pour moi, la musique devrait figurer dans tous les cursus de formation, dès les premières classes. C’est comme apprendre à lire et à écrire.»
Un grand fan du Haut Plateau
«Manifester son bonheur est un devoir», a dit un jour le grand philosophe Albert Jacquard. Ce que ne manque pas de faire Kristof quand il évoque Crans-Montana. «Il y a les montagnes, sublimes, et à dix minutes de la maison des chemins de randonnée magnifiques. J’ai aussi attiré l’attention de mes enfants sur le fait qu’ils avaient la chance unique de faire de la gym dans une salle qui donnait sur le Weisshorn. La nature, le jardinage sont deux éléments constitutifs de mon équilibre. Et puis on peut profiter ici d'une offre culturelle exceptionnelle. Entre manifestations, concerts et musées nous sommes vraiment gâtés en Valais ! Le tout d'un très haut niveau.»
Un plaisir de vivre qui tient également aux gens, à ses concitoyens. «Une fois apprivoisés, mais ce n’est pas trop difficile, ils sont ouverts, courtois et même chaleureux. Je n’ai donc pas hésité une seconde à suivre tout le parcours qui m’a conduit à la naturalisation. Et j’en suis très fier. J’aurais pu choisir la procédure courte, mais j’aurais été alors Genevois (sa brève terre d’accueil au début), et je tenais absolument à devenir Valaisan et Suisse.»
Par Jean-François Fournier