06.01.2025MarySam: plus qu’un magasin, une éducation
Un magasin avec des valeurs naturelles et sociales, voilà le rêve réalisé par Marika Sartino, une Italienne au sourire toujours radieux qui a conquis Crans-Montana. Et que Crans-Montana a conquise, alors qu'elle cherchait le lieu idéal où s'installer avec son enfant.
«Que ton aliment soit ta seule médecine», professait Hippocrate, le grand médecin du siècle d’or de Périclès. Un encouragement qui fait florès aujourd’hui, puisque l’on retrouve des magasins bio un peu partout. MarySam, à Crans-Montana, en fait partie. On y rencontre Marika Sartino (42 ans) et son fils Samuel (10 ans).
L’histoire d’amour entre cette Italienne au sourire désarmant et le Haut-Plateau débute dans les années quatre-vingt: «Mon père habitait ici, et j’y ai découvert le ski durant mes vacances scolaires. Un coup de foudre! J’aimais aussi l’été: les balades dans la nature et cette odeur incroyable de l’air pur mêlée à celle des pins et des champignons que nous allions cueillir en forêt.»
Au marché de Domodossola
Son parrain de baptême, commerçant, vendait alors des vestes en cuir et des vêtements made in Italy sur le marché très couru de Domodossola. La jeune Marika était présente sur le stand familial tous les samedis. «C’est là que j’ai appris à connaître tous ces Valaisans qui déferlaient chez nous les fins de semaine, parce qu’à l’époque, on proposait quelque chose de vraiment authentique et de qualité. Tout a changé désormais avec l’arrivée massive des produits chinois.»
Après avoir beaucoup voyagé en Suisse, du Tessin aux Grisons, en passant par Fribourg et Vaud, Marika s’est posée des questions. Et pour cause: elle était enceinte de Samuel. «Devenir maman, ça signifiait automatiquement pour moi offrir le meilleur à mon enfant. Et là, Crans-Montana s’est tout naturellement imposée à moi: sécurité, école de qualité, diversité des activités. C’était évident: on serait bien ici!» De fait, ils l’ont été, si l’on en croit le portrait que Marika Sartino brosse de la commune: «La nature est magnifique, sauvage, et en même temps, c’est une petite ville, avec des cafés, des restaurants, des sorties culturelles. Et puis, pour moi, c’est le plus important : il y a les gens. Très différents de moi, un peu timides au début, mais très fidèles quand ils t’ouvrent leur cœur.»
Construire sur les circuits courts
Côté professionnel, la jeune femme a décidé de suivre ses rêves et son intuition. «J’ai trouvé qu’on vivait dans un système qui tournait en rond. Les gens se souciaient de leurs belles voitures, de leurs vacances, des marques de chacun de leurs achats. Je voulais agir : c’est ma personnalité rebelle.»
Son idée: créer un magasin d’alimentation basé exclusivement sur les circuits courts, en mettant en avant les produits locaux. «La terre a été généreuse pour nous, chaque bourgeon correspond à un médicament naturel. On peut se soigner en mangeant sainement. Mon magasin est donc en fait un projet d’éducation pour mon fils. C’est pour cette raison que je l’ai appelé de nos deux noms: Mary et Samuel. C’était aussi une manière de respecter les cycles de la nature, en valorisant le travail des cultivateurs d’ici, qui sont devenus mes amis.»
Jardins d’Ossola
Dès le départ, la gamme des produits de Marika a séduit les locaux. Leurs préférences? «Les pains bio d’un boulanger de chez nous. Même la farine de ma pâte à pizza vient de Saint-Léonard. Label local également pour les œufs, les poulets, l’agneau, les truites, ainsi que pour les herbes médicinales et les cosmétiques. Le deuxième hit, ce sont les fruits et légumes. Je complète mon offre régionale avec la production bio de mon papa sur les deux hectares et demi qu’il a acquis pour sa retraite à Oira (Italie), que l’on appelle là-bas les Jardins d’Ossola. Sans oublier mes fameuses pâtes italiennes Senatore Cappelli, avec un double label bio, synonyme de très haute qualité.»
Rien ne se perd, tout se cuisine
Prolongement logique d’une passionnée des beaux produits, Miss Sartino est un vrai cordon-bleu. «MarySam est un magasin dédié aux circuits courts et au zéro déchet. Je suis intransigeante là-dessus. Alors, je commande des légumes qui sont cueillis le jour même pour le lendemain, et je cuisine tout ce qui pourrait se périmer sur mes étals. J’invente des recettes. Je laisse s’exprimer ma créativité. Résultat: mes plats cuisinés s’arrachent comme des petits pains. Il faut dire que je veille à tous les détails. Je prépare par exemple un cake où la banane mûre remplace le sucre. Ma fierté et ma récompense, c’est que Samuel comprend désormais ma démarche. Mon fils est le moteur de mon engagement.»
Aider son prochain
Impossible de comprendre le sourire perpétuel et la gentillesse de Marika sans évoquer avec elle le rôle de la spiritualité dans sa vie: «La méditation et le dialogue direct avec Dieu sont importants pour moi. Chaque matin, je bénis mon travail, mes clients et tous mes proches. Je vis par et pour l’humain. J’essaie d’aider mon prochain. L’argent passe après. Je propose ainsi aux retraités et aux bénéficiaires de l’AI des paniers de vivres bio à prix réduit et en livraison gratuite. Et quand je croise des gens qui n’ont qu’un tout petit budget, je m’adapte et prépare des paniers frais correspondant à la somme dont ils disposent, sans aucun bénéfice pécuniaire pour moi.»
Par Jean-François Fournier
PS: MarySam, c'est à la route du Rawyl N. 30